19 Septembre 2021
Vous étiez nombreux à ne pas pouvoir vous y rendre, mais c'était bien samedi 18 septembre à 18h00 qu'avait lieu l'inauguration "En grandes pompes" de notre hôtel à insectes. Voyez plutôt:
Et il y avait du beau monde :-) C'est Catherine Young, présidente de l'association des Amis du patrimoine Artannais, qui a ouvert le bal.
"Je suis ici parce que Marie Françoise Saron, la Présidente de Bazartannes m’a demandé de vous dire pourquoi les Amis du Patrimoine Artannais avait proposé d’inscrire l’Inauguration de l’Hôtel des Insectes aux Chemins des Talents et Savoir Faire pendant ces Journées Européennes du Patrimoine.
Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons. Pour la première, c’est très simple : Le patrimoine, nous pensons qu’ il faut le sauvegarder, le restaurer et le valoriser. Ce sont les trois piliers de notre Association donc trois choses que nous efforçons de faire. Mais il faut aussi construire le patrimoine. En l’occurrence, c’est Christian de Bazartannes qui est le bâtisseur de ce qui va ici devenir patrimoine.
J’espère de tout cœur que ce magnifique hôtel à Insectes va devenir un modèle pour beaucoup, va essaimer et être reproduit sinon copié partout dans le village. Nous pourrions en faire une spécialité avec beaucoup de liberté d’imagination En plus petit peut-être mais il vaut de tout dans un village, des châteaux et des petites maisons des vignes !
La seconde raison pour inclure cette inauguration aux J du P est que ces Journées sont des moments de découvertes. Il m’a semblé que découvrir ce que chacun peut apporter à une industrie qui compte tant pour notre économie et notre bien-être (je laisse à Christian le soin de vous donner les chiffres)… pouvait donc en faire partie.
Les insectes pollinisateurs aiment bien Artannes grâce à une grande variété de plantes et de fleurs (merci la municipalité merci les jardiniers !) il était temps de leur offrir le logement qu’ils méritent !
La troisième raison d’inscrire cette inauguration aujourd’hui est bien le talent et le savoir- faire. Je n’ai pas besoin d’élaborer , vous n’aurez qu’à regarder ! Ces deux mots sont très bien illustrés par le travail de Christian et de ses apprentis. Rien n’est bricolé ni laissé au hasard.
Après avoir félicité Basartannes de cette initiative, je laisse maintenant la parole au premier adjoint Emmanuel Dufay."
Une invitation qu'Emmanuel Dufay -premier adjoint d'Artannes - ne pouvait refuser:
"Bonjour à tous,
Nous sommes ici tous réunis pour inaugurer l’hôtel à insectes bazartannais.
Je représente aujourd’hui Isabelle Delacôte retenue sur Bréhémont en sa qualité de vice-présidente à la culture de la communauté de communes.
En cet épisode de COVID 19, qui n’en finit plus de durer, l’association Bazartannes fait une entrée fulgurante en termes de représentativité sur Artannes. Tantôt inspiratrice de créations artistiques, avec le regroupement d’épouvantails fort prometteur pour de prochaines éditions, tantôt association support de manifestations culturelles communales, c’est en tant que défenseuse de la biodiversité qu’elle se distingue cette fois.
Il est souvent nécessaire que les associations éveillent les consciences, soient force de proposition. Nous l’avons déjà observé grâce à l’association de jumelage d’Artannes qui nous rappelle à chacune de ses manifestations sur le territoire de la commune ou ailleurs combien la fraternité est importante entre les peuples. L’association des amis du Patrimoine Artannais éveille nos consciences à la préservation des patrimoines matériels et immatériels.
Les associations communales oeuvrent également pour de grandes causes comme Octobre Rose ou le Telethon. D’autres enfin choisissent d’être aux côtés de la municipalité pour des rendez-vous de convivialité, culturels ou encore sociaux comme la collecte de la banque alimentaire.
Pour l’association Bazartannes, il y a un peu de tout cela mélangé. Eh oui, c’est ça Bazartannes, inclassable. J’y vois personnellement une invitation à la découverte, à l’entraide, la création, au lâcher prise et à la préservation du patrimoine vivant. Rien que ça. Vaste programme.
Alors, un hôtel à Insectes, mais pour quoi faire ? Catherine en a rappelé l’essentiel. J’aurais aimé en tant qu’élu que cet édifice redore les caisses de la commune grâce aux taxes de séjour mais après moult recherches, il apparaît que les insectes n’y soient étonnamment pas assujettis… Certains y verront une manœuvre bassement politicienne pour gagner des voix lors des prochaines élections ; je vous laisse seuls juges.
Notons qu’il n’y a pas de discrimination à l’entrée de cet hôtel, mais une information aux utilisateurs. insectes volant, rampant, sautant ou marchant sont d’ores et déjà admis. Je ne sais pas ce qui est prévu pour les nageant. Quid de l’accessibilité pour les insectes porteurs de handicap… Je m’en remets au maitre d’œuvre.
Quoiqu’il en soit, cet hôtel à insectes est clairement dans le prolongement de la vision de la municipalité, d’inscrire l’environnement comme cause communale. Cet hôtel doit désormais faire des émules pour que la pollinisation soit assurée. Je regrette que peu de jeunes soient ici aujourd’hui pour comprendre l’importance de la préservation de l’environnement. Ils y sont sensibles et sensibilisés à l’école certes mais le rôle des parents est lui aussi primordial. L’exemplarité. Un sujet à creuser.
Au nom de la municipalité et de la population artannaise, je vous remercie Bazartannais, pour la réalisation de cet hôtel à Insectes, en attendant avec impatience, le prochain projet de l’association.
Longue vie à l’association Bazartannes !
Merci à vous"
Vint alors le moment tant attendu de l'intervention de la présidente de l'association Bazartannes qui, pour l'occasion, s'était déguisée en truculent papillon.
Suite à quoi, elle passa la main à Catherine et Christian Bergé pour leur exposé à deux voix.
"Bonjour à tous!
Alors voila: A l’occasion de cette inauguration, Bazartannes souhaitait vous faire profiter d’une conférence sur les insectes, leur rôle dans la nature et les raisons de leur déclin. Problème : les seules personnes compétentes étaient soit indisponibles soit trop éloignées. C'est donc moi, avec l’aide de Catherine, qui vais vous faire, non pas une vraie conférence, mais au moins un exposé sur le pourquoi de cet hôtel à insectes.
Je vais faire de mon mieux, mais souvenez-vous que je ne suis ni militant écologiste ni expert en insectes, plantes ou de quoi que ce soit d'autre.
Déjà, il faut savoir que depuis 1990 le nombre d'insectes à diminué d'un quart et qu'il continue à baisser tous les ans (1%-3% suivant les méthodes de calcul).
Bon, je comprends que ça fasse plaisir aux automobilistes qui ont moins à gratter leur pare-brise, mais la disparition des insectes demeure un réel problème. Les premières victimes en sont les oiseaux qui se nourrissent des insectes ainsi que les plantes qui dépendent d’eux pour la pollinisation. Et cela impacte finalement l'homme auquel ces plantes procuraient une alimentation saine et équilibrée.
On pense que cette disparition est principalement due aux pesticides employés dans la culture intensive, mais l’INRAE nous dit qu’il y a d'autres facteurs:
Le changement climatique, l'invasion d'espèces exotiques, les maladies et, bien sûr, la disparition de leur habitat naturel: urbanisation, disparition des haies, tonte rase des pelouse, fauchage des bords de route, désherbage des cultures...
Voila donc le but de l'hôtel à insectes: Leur fournir un nouvel habitat de substitution même s'il n'est pas naturel.
Bon, on est d'accord, on ne va pas sauver le monde avec des hôtels à insectes. Mais le peu qu'on aura fait, ce sera déjà ça.
Ce nouvel habitat va attirer deux catégories d’insectes auxiliaires, ceux qui se nourrissent des espèces nuisibles (ou dites nuisibles) et ceux qui assurent la pollinisation. Il va ainsi favoriser la biodiversité locale et rétablir un peu l'équilibre de la chaîne alimentaire.
Petite parenthèse: On a choisi - à Bazartannes - de faire un hôtel à insectes parce qu'en plus d'être utile, c'est assez décoratif, mais aussi et surtout parce que ça montre aux gens qu'on peut agir, même si on sait par expérience qu'un hôtel à insectes n’est guère occupé à plus d'un quart de sa capacité.
Cependant, il existe d'autres alternatives pour aider les insectes, moins visibles mais tout aussi efficaces : les « chambres » ou « cabanes » à insectes qui sont bien plus petites, spécialement adaptées à un insecte particulier et qui peuvent être installées à l'endroit le plus fréquenté par cet insecte.
J’ai choisi de vous parler de deux insectes en particulier. L’un assurant la pollinisation et l’autre se nourrissant de pucerons.
Le principal locataire de notre hôtel, celui qu'on aura le moins de mal à observer, c'est une abeille. Mais une abeille dite "solitaire" par opposition aux abeilles "sociales" que nous connaissons tous.
Ça m’a étonné, mais la plupart des gens pensent que toutes les abeilles vivent dans des ruches, fabriquent du miel et sont au service d'une reine. Ce qui est totalement faux. En réalité 90% des espèces d'abeilles sont des abeilles solitaires. 90% des espèces, pas des individus, je précise.
Pourquoi les appelle-t-on solitaires? Pas parce qu'elles vivent seules - beaucoup peuvent être observées en groupe et certaines peuvent même montrer des comportements que l’on qualifierait de « sociaux ». Non. Si on les nomme « solitaires » c’est parce qu’elles construisent des nids individuels et y travaillent toujours seules.
Ces abeilles solitaires nichent le plus souvent dans des trous creusés dans le sol, on les appelle alors abeilles « minières ». Mais celle qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui - et vous l'aurez compris en regardant l'hôtel à insectes - fait son nid dans des tiges creuses ou du bois. Je vais bien sûr vous donner son nom, mais un nom ce n'est pas le plus important. N'est ce pas, Catherine?"
"Quand Turtle était petite et qu’elle se promenait avec son grand-père, elle lui demandait : « C’est quoi ça? » et il répondait « Décris-le moi ». Et elle lui racontait ce qu’elle voyait…
Il lui disait : Quand une petite puce connaît le nom d’une chose, elle pense tout savoir à son sujet et elle ne regarde plus. Mais un nom ne veut rien dire, et affirmer que tu connais le nom de quelque chose revient à avouer que tu ne sais rien, moins que rien ». Il aimait dire : « Ne pense jamais que le nom est la chose, car il n’y a que la chose qui existe, les noms ne sont que des pièges, des pièges pour t’aider à t’en souvenir »
Elle repense à eux deux. Seulement après qu’elle lui avait décrit avec ses propres mots où poussait la plante et comment elle était, lui expliquait-il de quoi il s’agissait, la dépiautant entre ses doigts. « ça ma puce, c’est l’épillet, et ça les glumes, tu vois comme elles sont longues ? Ça, c’est la barbe. Tu vois comme elle tourne dans la partie inférieure, et comme le haut est incliné ? Continue à observer avec autant d’attention. Continue comme ça à observer comme si tu ne connaissais rien, à observer pour comprendre de quoi il s’agit vraiment. Observe les choses pour comprendre ce qu’elles recèlent ma puce, toujours, toujours »
Mais il se trompait au sujet des noms. Ou du moins se trompait-il à moitié. Les noms voulaient dire quelque chose. Ça voulait dire quelque chose quand il la surnommait ma puce. Ça voulait tout dire pour elle."
(extrait de My absolute darling de Gabriel Tallent)
"Cette abeille solitaire, donc, s'appelle l'osmie. Et vous l'avez bien compris, vous savez ça, vous ne savez rien. Pourtant, l'osmie est hyper importante pour la nature. Pourquoi?
En plus d’être utile, l'osmie est assez jolie et pas agressive pour un sou. Elle apparaît dès le mois de mars et peut construire des nids jusqu'au mois de mai (il faut dire qu’elle à une durée de vie de 4 à 6 semaines). C'est donc à partir du printemps prochain que vous pourrez venir l’observer. Si vous vous mettez sur le côté afin de ne pas la déranger vous pourrez la voir garnir les alvéoles puis les maçonner.
Ça lui prend du temps : Elle dépose un œuf sur une boule de pollen collée au nectar puis construit une cloison et répète l'opération jusqu'à ce que le tube soit plein. Là, elle le ferme avec de la boue ou des feuilles avant de passer au tube suivant.
Les œufs se transformeront en larves qui se nourriront du pollen. Elles ne sortiront du tube que 10 à 11 mois plus tard. Vous pourrez donc essayer de les voir apparaître en fin d'hiver / début de printemps.
Alors vous allez me dire: pourquoi installer en août un hôtel dont les occupants n’arriveront qu’au printemps? Là, vous aurez totalement raison. Nous chez Bazartannes, on se rassure en se disant que celui-ci sent le neuf et qu'un hiver dehors lui donnera la patine nécessaire pour mieux attirer les insectes l'an prochain...
Mais, heureusement, il y a une autre raison : il y a d'autres locataires qui cherchent refuge dès maintenant pour passer l'hiver à l'abri.
Même si la plupart des insectes passent l’hiver au stade d’œuf ou de larve, il y en a certains qui hivernent à l’âge adulte. Et parmi eux, il y en a un que vous connaissez bien: C'est la coccinelle. N'est-ce pas, Catherine?"
"Les coccinelles sont appelées familièrement «les bêtes à Bon Dieu». Ce surnom est tiré d’une légende remontant au Xème siècle.
Condamné à mort pour un meurtre commis à Paris, un homme, qui clamait son innocence, a dû son salut à la présence du petit insecte. En effet, le jour de son exécution publique, le condamné devait avoir la tête tranchée. Mais une coccinelle se posa sur son cou.
Le bourreau tenta de l’enlever, mais le coléoptère revint à plusieurs reprises se placer au même endroit.
Entretemps, et à sept reprises, la coccinelle se posa aussi sur le doigt du monarque qui assistait à l’exécution et qui, sensible et juste, ne voulut pas que la petite bête fût blessée ou tuée ….et leva donc la main pour surseoir à l’exécution. Le roi Robert II (Robert le pieux 972-1031) y vit alors une intervention divine et décida de gracier l’homme.
Quelques jours plus tard, le vrai meurtrier fut retrouvé. Cette histoire s’est très vite répandue et la coccinelle fut dès lors considérée comme un porte-bonheur qu’il ne fallait pas écraser.
Mais, il y a aussi une autre explication !!
Pendant longtemps, les agriculteurs ont cru que les pucerons qui ravageaient leurs cultures étaient des envoyés du Diable. Si les pucerons étaient des bêtes à mauvais esprit, alors les coccinelles qui les mangeaient ne pouvaient être que des « bêtes à Bon Dieu ». De là vient peut-être leur surnom."
"Il faut savoir qu’il y a près de 90 espèces de coccinelles en France mais que la plus connue est la coccinelle rouge à sept points. Celle à 2 points est moins visible car elle préfère grimper dans arbres fruitiers et la jaune à quatorze points se cache dans le potager.
Pourquoi aider la coccinelle ? Parce qu’elle fait partie des insectes qui sont essentiels pour lutter contre les pucerons.
Contrairement à une idée assez répandue, il n'y a pas que la larve de coccinelle qui se nourrit de pucerons, mais aussi la coccinelle adulte. Dès le mois d'avril, la femelle coccinelle pond ses œufs au sein des colonies de pucerons, juste au moment où ceux-ci commencent à se multiplier.
Ses œufs sont faciles à repérer, ils sont petits et jaunes. La coccinelle à sept points peut en pondre jusqu'à 500! Leur éclosion a lieu 5 à 10 jours plus tard et la larve devient une coccinelle adulte au bout de seulement deux semaines. Ainsi, durant tout l'été, tout ce petit monde va se nourrir de pucerons, d'acariens, de cochenilles... sans faire aucun dégât dans le potager.
La coccinelle part à la recherche d’un abri dès la fin du mois d’août et hiverne dans des trous d’arbres, sous les écorces, dans des fissures de murs ou encore sous des tas de pierres. Au printemps, c’est la hausse des températures qui la réveille.
Lorsqu'elles ne trouvent pas d'abri naturel, certaines d’entre-elles pénètrent dans les maisons où elles auront peu de chances de survivre (sécheresse, manque ressources alimentaires, nettoyage, etc…). Raison de plus pour leur proposer un habitat hivernal à l'extérieur!"